Vincent Dufour, l’océan comme fil rouge
Vincent Dufour est océanographe, biologiste et maître de conférences à l’École pratique des hautes études (EPHE) – PSL. Portrait d’un passionné des profondeurs, entre science, innovation et engagement écologique.
« La mer, je suis tombé dedans quand j’étais petit. ». Vincent Dufour, chercheur à l’EPHE-PSL, a fait des océans son fil rouge, son terrain de jeu et d’exploration. Né dans le Nord de la France, loin des côtes, il découvre la plongée adolescent, lors de vacances en Méditerranée. Une révélation. « Ma bouteille était presque plus grande que moi », sourit-il. Mais les documentaires du commandant Cousteau diffusés à la télévision finissent de sceller une vocation : il sera océanographe.
Contre vents et marées, il s’inscrit en licence d’océanographie à l’Université Pierre et Marie Curie (aujourd’hui Sorbonne Université). Là encore, il choisit l’aventure : un stage au centre IFREMER de Tahiti le pousse à organiser une mission d’un an sur une île déserte, à mille kilomètres de la première habitation. « J’y ai découvert la vie sauvage, les atolls… Ce fut un moment fondateur. »

Des récifs à la recherche fondamentale
De retour en France, Vincent poursuit ses études à l’EPHE-PSL, puis entame une thèse sur les récifs coralliens, en lien avec le CRIOBE, centre de recherche insulaire basé à Moorea (Polynésie Française). Une plongée dans les mécanismes de reproduction des poissons : « J’ai installé des filets dans les récifs et collecté des quantités incroyables de larves. Cela a permis de mieux comprendre le rôle crucial des récifs dans les cycles de vie marins. »
Après son doctorat, il devient chercheur à l’EPHE-PSL, obtient son HDR (Habilitation à Diriger des Recherches) en 1998 et observe un phénomène inquiétant : la mortalité massive des jeunes poissons. Une alerte qui le pousse à franchir une première fois les portes de l’entrepreneuriat.
Une première entreprise, Aquafish Technology
En 1999, il crée Aquafish Technology. L’idée est simple mais pionnière : collecter des larves de poissons sans abîmer les coraux, les élever, puis les exporter vers les aquariums du monde entier. L’entreprise connaît un bel essor pendant six ans. « Elle s’est bien développée, nous avons exporté de nombreux poissons, notamment vers les grands aquariums publics français », raconte-t-il.
En 2005, Vincent Dufour retrouve le chemin de l’EPHE-PSL, cette fois à Sète, pour se consacrer à l’étude et à la protection des larves de poissons dans les ports de Méditerranée.
De la recherche à l’action publique
Curieux de tous les écosystèmes, y compris institutionnels, il rejoint ensuite le Conseil régional du Languedoc-Roussillon comme directeur de la recherche et de l’enseignement supérieur. Il y pilote une équipe de 30 personnes et gère un budget conséquent, notamment dans le cadre du Plan Campus. « Ce fut une expérience très enrichissante, une immersion dans les logiques politiques et stratégiques de la recherche. »
L’appel du large… et de l’innovation
Mais la mer ne tarde pas à le rattraper. Sportif passionné, adepte de kite et de navigation, Vincent Dufour s’interroge sur l’impact des bateaux à moteur sur les écosystèmes marins.
« Ils consomment énormément de carburant et perturbent la biodiversité : certains poissons meurent dans les hélices, d’autres, notamment les femelles gravides, sont stressées, ce qui réduit le taux de survie des larves », explique-t-il.
Face à ce constat, il imagine un tout autre type d’embarcation : un bateau électrique, propre, silencieux et respectueux de la vie marine.
En 2016, réintégré à l’EPHE-PSL, il lance le projet Air to Sea à l’Université de Montpellier, qui donnera naissance à la startup Neocean deux ans plus tard. Grâce au soutien de la SATT AxLR, qui injecte 600 000 euros, l’Overboat voit le jour : un catamaran à foils électrique, sans permis, économe en énergie. Une prouesse technologique saluée pour ses performances et son engagement écologique.
L’épreuve de l’eau salée
Neocean recrute, produit une quarantaine d’unités en France, et séduit des clients. Mais la réalité du terrain rattrape l’enthousiasme initial : les bateaux, laissés à flot en permanence, souffrent du milieu marin. « Nous avions sous-estimé l’agressivité de la mer : les matériaux vieillissaient mal. » Malgré des efforts pour relancer les financements, l’entreprise finit par déposer le bilan.
Un retour aux sources…
À 61 ans, Vincent Dufour revient aujourd’hui à la recherche, fidèle à l’EPHE-PSL. Pas question pour lui de parler d’échec : « J’ai énormément appris. » Désormais, il se consacre à l’un des grands défis environnementaux du XXIe siècle : l’élévation du niveau des mers.
Entre récifs, start-up, institutions et engagement écologique, Vincent Dufour incarne une figure rare : celle d’un chercheur-entrepreneur, animé par une passion constante pour l’océan.
S’il retrouve aujourd’hui le monde académique, il n’en a pas pour autant renoncé à l’innovation. Il se dit d’ailleurs prêt à partager avec la communauté des chercheurs de PSL les enseignements tirés de ses expériences entrepreneuriales : la gestion de l’incertitude, la conduite du changement ou encore l’art de faire dialoguer science et société. Une nouvelle aventure commence.

Parcours et réalisations marquantes
1992 : Doctorat à Sorbonne Université
1998 : Habilitation à Diriger des Recherches en océanographie à l’EPHE-PSL
1999 : Création d’une première société, Aquafish Technology
2009 : Nommé directeur de la recherche et de l’enseignement supérieur au Conseil régional de Languedoc-Roussillon
2018 : Création de la start-up Neocean
2024 : Retour à l’EPHE-PSL, en tant que chercheur
Le Pôle PSL Innovation, l'excellence académique au service de l'innovation
L’91Âé¶¹¹ú²ú¾«Æ·×ÔÅÄ, lauréate de  l’appel Pôles Universitaires d’Innovation, a obtenu un financement de 11 M€ sur 4 ans pour renforcer son écosystème d’innovation, un signe de reconnaissance de la dynamique de son écosystème, et un succès qui a permis la création du Pôle PSL Innovation.
Le Pôle PSL Innovation a pour missions principales de structurer, coordonner et amplifier les actions de valorisation et de transfert de technologie réalisées par les établissements membres et les organismes associés, tout en renforçant les liens et la coopération entre l’91Âé¶¹¹ú²ú¾«Æ·×ÔÅÄ et le monde socio-économique, afin de maximiser l'impact de la recherche réalisée par ses communautés.
Le Pôle PSL Innovation c’est :
- Un périmètre large et interdisciplinaire : Il embrasse l’innovation sous toutes ses formes, l’ensemble des disciplines et des domaines d’application
- Un programme et des offres sur mesure à destination des doctorants, chercheurs, ingénieurs, enseignants, personnels soignants, et de nos partenaires socio-économiques.
- Une dynamique exceptionnelle, portée par PSL Valorisation et par les autres acteurs de l’écosystème PSL, qui sera encore renforcée pour maximiser l’impact sociétal et économique.